La coccinelle

Philippe GEORGEAULT
4 mai 2020

Apparition du symbole dans les rêves :

Camille : « … là, je voyais une très grande tortue, rouge… la forme me fait penser à une coccinelle… et je la vois : elle est toute petite à côté ! Elles sont là, l’une à côté de l’autre : çà fait incroyablement disproportionné !.. La coccinelle s’envole, revient, se pose sur la carapace de la tortue… il y a un beau ciel bleu… la coccinelle et la tortue… petit, grand, petit, grand… je n’en sors pas, je bloque là-dessus !.. »

Marie-Françoise : « … Je vois une Vierge, entourée de roses rouges… elle regarde l’enfant.. Tendresse, maternité confiante… je vois un fœtus aussi… et du sang, du sang qui coule entre les jambes de la maman… et, maintenant, c’est une sorcière, habillée de rouge et de noir… j’ai peur qu’elle vienne voler l’enfant… j’appelle le soleil pour le défendre… la sorcière se transforme en toute petite coccinelle, minuscule, rouge et noire aussi… »

Delphine : « … Je vois une maman koala avec son bébé… elle a des griffes immenses et il y a du sang sur ses griffes… là apparaît une coccinelle géante, démesurée… Je monte sur son dos et on s’envole… le ciel est bleu, la coccinelle monte, descend… »

Lorette : « … Je suis toute petite, je marche entre les hautes herbes, je deviens une coccinelle qui monte sur une tige d’herbe… je deviens encore plus petite !.. Au bout de la tige je m’envole… Là, je vois une fourmi qui grimpe sur un tronc immense… un chat fait ses griffes sur l’arbre… autour, il y a des fleurs très rouges… »

Isabelle (deux fausses couches plus deux interruptions médicales de grossesse) : « .. je vois des petites filles qui chantent et qui dansent… moi, je marche dans l’herbe… j’aperçois des femmes âgées, des sorcières… il y a une fontaine avec des fleurs rouges suspendues dans des pots noirs, le ciel est bleu …/… La lumière qui passe entre les vitraux me porte, je décolle de terre, j’arrive au plafond de l’église… de là, je vois tout en bas, tout me semble petit, minuscule… je suis sortie, je suis en haut d’un arbre… je prends une coccinelle dans la main, j’essaie de lui arracher une aile.. Je finis par l’écraser avec mon autre main… »

Christiane : « … Je vois une coccinelle rouge et noire, très, très grosse… tellement grosse qu’elle prend une grande partie du champ de vision… elle est posée dans le vide, toute ronde… je ne sais pas pourquoi, cette coccinelle évoque la mort !… c’est comme si j’avais précipité mes enfants dans la mort en les quittant !.. »

Nicolas : « … Un mille-pattes, une coccinelle prise dans une tornade… là, je voyais un fœtus et, aussitôt, l’image d’une sorcière… et, maintenant, un bébé avec une grosse tête entourée d’un globe de verre resserré au cou… sa tête tombe.. »

Stéphane : « … des roses rouges, je les entraîne sous l’eau… c’est une eau dense… je descends… y a des coquelicots.. Et un nageur sous-marin… une femme aussi, qui nage, avec un cœur autour du cou.. Et une coccinelle à tête noire qui se débat dans un œuf… y a des morts… c’est pas un paysage de la terre… »

Nathalie : « .. Un serpent qui nage sous l’eau… un vieux Sage, sous l’eau… Là, je vois une coccinelle : un hachoir la décapite… c’est brutal… sa petite tête est tombée et roule.. »

Daniel : « … Une coccinelle… et, là, un utérus, des vagues de contractions… la tête du bébé qui sort.. C’est une naissance sans cri… cou tendu sous la guillotine… cou coupé, plus de tête : plus d’identité !.. »

Eléments résumés de traduction :

Sur le plan conscient, la coccinelle bénéficie d’une image positive. Porte-bonheur pour les uns, « Bête à bon Dieu » pour les autres, le petit coléoptère suscite la sympathie.

L’observation objective du contenu des scénarios de REL dans lesquels le symbole se manifeste conduit à le considérer d’une façon plus nuancée. Si la Vierge Marie (la bonne mère) s’inscrit dans la chaîne des associations qui se groupe autour de la coccinelle, la sorcière (la mère-mort) lui tient compagnie, même si les deux images n’occupent qu’un rang assez modeste sur l’échelle des corrélations. Le couple « noir et rouge » s’y montre un peu plus présent. (le nom de la coccinelle vient de « coccinus » = écarlate !).

En fait le symbole expose une ambivalence de sentiments parmi lesquels ceux concernant les images positive et négative de la mère sont dominants
Si la lecture des associations majeures (le fœtus, le sang, la mort) paraît difficile en première analyse, elle devient aisée quand on a porté le regard sur la situation des personnes qui ont produit les séquences de rêves soumises à l’étude. Toutes, hommes et femmes, sont porteuses des séquelles laissées par un traumatisme relatif à la vocation maternelle.

Interruption accidentelle ou volontaire de grossesse (y compris pour le géniteur !)
Incapacité circonstancielle, physique ou psychologique de réaliser la maternité souhaitée.
Blocage déterminant un rejet de l’idée de procréation.
La forme convexe d’une coccinelle grimpant sur la tige d’un végétal entre en résonance avec le ventre arrondi et lisse de la femme enceinte. La coccinelle qui déploie ses élytres pour s’envoler et disparaître dans le ciel laisse un vide comparable à celui du fœtus évaporé et renvoie à l’interrogation qui subsiste obstinément sur le destin de ce dernier ! Quand on se réfère à l’ambiguïté qui fait du petit être disparu un angelot ou un démon hideux, suivant que dominent la sublimation ou la culpabilité, on ne peut plus être surpris de l’ambivalence dont est chargée l’image de la coccinelle !